L'accès à la culture condamné...

… pour des histoires de sous. S'il y a bien quelque chose qui me révolte en ce moment c'est bien ça. Je ne condamne pas ni n'incite personne à faire du téléchargement illégal. Il est important que les produits culturels tels que la musique, le livre, le film, la photo (et autres) soient achetés quand ils sont disponibles en magasin. Mais mon débat ne porte pas sur la responsabilisation des personnes à acheter plutôt qu'à voler. Il porte sur l'inaccessibilité de certaines oeuvres. 

Le lancement d'ITunes

J'avoue que je me suis arrêtée de rechercher dans les bibliothèques de mes amis des titres depuis qu'iTunes est sorti. Les prix sont très abordables. Ils n'utilisent pas de DRM limitant l'accès à un appareil. Je peux donc emporter mes musiques, films et autres sur le support qui me convient (PC, lecteur MP3, ipad, DSi). La plate-forme de téléchargement a du choix, est sécurisée et il est facile d'y faire un achat sereinement. On peut dire quelque part que ça a changé mon rapport à la musique sur internet. C'est une solution contre le piratage et autre que je trouve largement plus efficace qu'une loi. 

Mais qu'en est-il des autres oeuvres? Celles que les distributeurs jugent pas assez rentables pour être louées ou vendues. Celles qui ne semblent pas convenir à la cible de ces marchands. Celles qui n'ont pas les moyens d'être numérisées par des voies légales. Et bien c'est très simple, on ne les trouve nulle part.

Est-il bien juste de couper les gens de cette partie de leur patrimoine culturel pour une histoire de sous?

La fermeture de Megaupload

Je voyais deux grands intérêts à Megaupload. Le premier, on pouvait découvrir des séries. Il m'est souvent arrivé de regarder un ou deux épisodes d'une série pour savoir de quoi il s'agissait et de l'acheter ensuite. Vu le prix d'une saison en DVD, je pense que je n'aurai pas fait d'achat sans cela. Le second intérêt, c'est qu'on avait accès à tout ce qui se faisait sur la planète. Avec du bon et du mauvais mais nous n'étions pas limités dans notre découverte par ce avec quoi les chaînes de TV française veulent nous gaver. C'est de cette manière que j'y ai découvert Treme.

Depuis la fermeture de Megaupload, des articles fleurissent sur les sites Replay des grandes chaines nationales qui remontent en termes d'audience comme les TF1, M6. Et c'est cela l'accès à la culture? Regarder des séries sur des meurtres, des viols, consulter le dernier clip de Rihanna, voir la dernière déco moche de Valérie Damidot. C'est tout ce que vous avez à nous proposer par rapport à ce qui existe???

Je ne parle même pas des séries qu'on trouve bien mais pour lesquelles les épisodes sont servis dans le désordre. Ou bien pour faire durer plus longtemps, on vous passe un épisode de la saison 5 puis deux épisodes de la saison 1 dans la même soirée. Ce qui nous fait perdre à la fois le fil de l'action mais aussi tout l'intérêt et l'envie qu'on avait pour cette série. 

Qu'en est-il des docu TV? Pourquoi sont-ils introuvables et jamais mis à la disposition sur internet? Pourquoi n'aurions-nous pas le droit de les consulter si nous sommes prêts à payer une somme raisonnable? Au moins avec Megaupload, on avait la possibilité de le faire.

La grogne des ayants-droits

Dernièrement, j'ai lu un article sur une loi donnant accès à tout un patrimoine culturel jusqu'alors jamais mis en ligne, jamais mis à la disposition des personnes par la vente ni la location (par malheur, j'ai perdu l'article). Le texte devait permettre l'accessibilité à ces éléments gratuitement vu qu'il n'y avait pas d'intention de les commercialiser. Ce qui souleva la grogne des ayants-droits. Parfaitement compréhensible. Il y a sûrement une meilleure solution à mettre en place.

En attendant, j'aime que la question de l'accessibilité au patrimoine culturel se pose et soit clairement envisagée. Car on en reste bien trop souvent au souci de combattre le piratage sans creuser la question du pourquoi ni du comment. Or il me semble que cette question est un déclencheur non négligeable de bien des "carrières" de "pirates".